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dancing|acting          withPina                            Keuscheitslegende

-leer-

 La première création á laquelle j’ai pris part était « Keuscheitslegende » (La Légende de la Chasteté). Nous étions en Décembre 1979, donc quelques mois après mon entrée dans la compagnie.

C’est donc á ce moment que je fis connaissance avec la manière de créer de Pina.

Des tas de questions sur des sujets divers qui me demandaient de puiser dans mes souvenirs, dans mes rêves. mes peurs, mes folies… Les réponses á ces questions se faisaient en montrant des petits moments de danse, des gestes, des petites scènes á plusieurs et les langages utilisés pouvaient être le mouvement, la parole, la chanson, la musique.. Tous ces moyens d’expression que pouvait se permettre la « Danse-théâtre ».

Que du bonheur! C’était exactement ce qui me convenait et ces périodes de créations furent pour moi toujours l’occasion de me sentir comme un enfant que l’on autorisait á jouer dans la cour des merveilles.

 

Malgré la complexité des thèmes abordés il ne s’agissait en aucun cas d’un travail intellectuel, mais absolument intuitif. Contrairement aux mises en scène de théâtre pour lesquelles je collaborerai plus tard avec des metteurs en scène de théâtre de prose, jamais avec Pina, nous n’avons eu de discussion sur ce de quoi nous allions traiter, ou comment nous allions le traiter.

Au même titre que pour maitre Noro, si « trop de spirale tue la spirale », pour Pina « trop de réflexion tue la spontanéité et la créativité ».

La période d’élaboration d’une pièce entre le premier jour et le jour de la première, était de environ trois mois. Pendant ces trois mois, il était possible que nous ayons des représentations de répertoire á assurer, mais le travail de création restait le plus continu possible avec des semaines de six jours de travail et une journée de repos pour faire son linge et s’autoriser une grasse matinée bien méritée. Au cours des deux premiers mois, les journées de travail qui commençaient toujours avec un cours de danse, classique ou moderne, étaient de huit heures comme tout salarié qui se respecte. Mais au fur et á mesure que s’approchait la date fatidique de la première, ces heures s’allongeaient et en venaient même vers la fin á déborder fortement sur les jours de congé. Il devenait de plus en plus difficile de porter des habits et des tenues propres.

Bien sûr, les pièces ne se sont pas faites uniquement avec l’intuition et la spontanéité, et, une fois le matériel créatif rassemblé et trié, Pina rentrait dans la phase de mise en scène et de construction des enchaînements de scènes. Cette partie était épuisante, surtout pour elle et sa capacité á travailler sans relâche l’amenait á faire des journées d’au moins 15 heures sinon plus.

Comme les petites pièces d’une mosaïque, les éléments scéniques et chorégraphiques choisis par Pina devaient être réunis pour créer des tableaux qui allaient s’enchaîner pour constituer la pièce. Les possibilités d’assemblage et d’enchaînements étaient multiples et Pina, bien qu’elle se laissait guider par sa grande intuition artistique, ne mettait de coté une possibilité que si elle s’était assurée que les autres convenaient mieux. Inutile de dire que, avec l’exigence qu’avait Pina envers elle-même, c’était une tâche sans fin. C’est pourquoi le jour de la première n’était pas nécessairement le jour où la pièce pouvait être considérée comme finie. Il nous est arrivé de recevoir des directives de changement d’ordre des scènes pendant la représentation de la première. 

En ce qui nous concernait, c’était surtout la patience qui était de mise. Comme tous les danseurs n’étaient pas présents sur scène pour toutes les scènes, il  pouvait se passer parfois trois journées d’attente avant que vienne notre tour. Mais les choses n’étant pas prévisibles, il nous fallait être disponibles et sur place á tous moments.

Cette période de pénible mise en place ne durait pas trop longtemps, et assister aux différentes étapes de la naissance d’une pièce était une chose privilégiée que je dégustais avec grand plaisir.